Un « one man show racinien »... y a de quoi rester bluffé. Qui serait assez fou pour tenter de tenir, à lui seul, tous les personnages d’une des tragédies les plus jouées de Jean Racine ? Jean-Marc Avocat, himself. Pari culotté, performance de comédien indéniable, pour nous dire toute sa passion pour cette langue et nous communiquer, à travers ces histoires là, un enthousiasme nouveau pour l’alexandrin ou, plus improbable, pour notre voisin de droite. Ah, l’amour...
Les histoires d’A. finissent (toujours) mal
À écouter Jean-Marc Avocat, fort de ses quarante ans de carrière - sur les planches comme à la télévision ou au cinéma - on se dit que la langue de Racine doit adoucir les moeurs. Le comédien-metteur en scène affirme utiliser ce « sommet de la langue française » presque comme un antidépresseur... Et c’est vrai qu’il y a de la magie dans ces vers, dans ce rythme implacable, dans ces destinées qui n’ont de cesse de tendre vers leur inéluctable fin. Bérénice, quinze-cent-six vers (tout rond), jouée en 1670, tragédie à trois voix : celle de Bérénice, reine de Palestine, sommée de retourner chez elle par l’homme qu’elle aime, Titus ; celle de Titus, empereur de Rome, qui sacrifie son amour aux exigences de la raison d’État ; celle d’Antiochus, ami de Titus, amoureux secret de Bérénice et condamné par elle au silence sous peine d’en être haï. Une poésie comme une plainte, à savourer cette fois dans l’homogénéité, la cohérence, d’une seule voix ? Celle d’un homme capable d’en rendre aussi tous les enjeux dramatiques ? Et pourquoi pas... |