Là où on ne l’attend pas. Toujours. Imprévisible, curieuse, vivante, flippée aussi : Sylvie Testud, comédienne si souvent récompensée, auteur, maman, se frotte aujourd’hui à la mise en scène… Pari audacieux, prise de risque jouissive, envie irrépressible. Elle a choisi d’adapter pour la scène son dernier roman, Gamines, entourée, entre autres, de deux complices non moins talentueuses et étonnantes, Élodie Bouchez et Elsa Zylberstein. « Corinne, Sibille et Georgette, c’est l’histoire de trois souillons avec leur mère Anna. Elles sont soudées comme les quatre doigts de la main »… C’est faussement naïf, tendre et cruel comme trois gamines en manque d’amour.
T’as larciné le placard de maman !
L’écriture de Sylvie Testud est décalée, inventive, drôle mais sans concession. Après Il n’y a pas beaucoup d’étoiles ce soir et Le Ciel t’aidera, après avoir évoqué, tourné en dérision, ses angoisses de femme, de comédienne, ses désillusions et ses coups de folie, elle continue de livrer un peu (beaucoup) d’elle-même et se concentre sur l’univers de l’enfance. « Comment pourrais-je vous expliquer ce que je connais de l’intérieur ? Comment pourrais-je vous expliquer qu’il vaut mieux en rire ? ». Gamines, c’est l’histoire de trois fillettes seules avec leur mère, dans un monde d’adultes qui les isole, trois têtues, tenues éloignées d’un « il » mystérieux, un père qu’il ne faut pas nommer et qui vient un jour frapper à la porte... Trois voix d’enfants relayées par trois femmes, trois comédiennes singulières, charismatiques, fragiles. « À douze ans, elle a une tête à sérieux, pire qu’un adulte ! », jette Sibille, comme une illustration savoureuse du bagout, de la gouaille tendre orchestrée par le texte de Testud. Mais si l’humour traverse Gamines, le regard de la jeune auteure pointe aussi, surtout, l'isolement et la détresse... Comme un bonbon qui serait doux mais très acidulé… |