Du matin au soir, chaque jour, sans relâche, la belle Hanako attend son Yoshio sur le quai d’une gare. Naguère, il lui avait promis de revenir la chercher, de la rejoindre pour toujours. Serrant fort contre elle l’éventail qu’il lui a laissé en gage de fidélité, Hanako a perdu la raison. Passion dévorante, épure bouleversante du nô japonais, forces transcendées par le désir de théâtre de Julie Brochen.
L’invitation au voyage
Une histoire d’amour. « Un texte par lequel je dois passer pour trouver d’autres chemins… Celui que je cherche vers Racine ? » Julie Brochen, justement récompensée en 2006 par un Molière pour Hanjo, fait cette passerelle en écho à Marguerite Yourcenar, traductrice du texte original : « Le théâtre grec est une chose et le nô une autre mais la vieille formule s’applique à tous deux : la terreur et la pitié sont les deux ressorts de la tragédie. » Hanjo, écrit en 1956, est un des textes du recueil Cinq Nô modernes de Yukio Mishima. Le plus grand auteur japonais de l’après-guerre livre une autre lecture de cette forme de théâtre traditionnel, de la même façon que Julie Brochen transcrit cette modernité sur le plateau : la violence, la cruauté des sentiments se mêlent à la mélancolie, au lyrisme, à l’émotion poétique dans un flux atemporel. Peu importe où nous sommes, l’époque, le genre… Ce drame de la déchirure et de
l’attente - l’absence - aspire à un ailleurs plus incertain, plus irrationnel… tellement précieux. |