Pas « la » Mouette mais « une » Mouette, adaptation autour des trois couples du premier vrai succès théâtral d’Anton Tchekhov… Variation pour six âmes, six corps, pour cadrer sur le désir. Le respect de l’oeuvre sera absolu. La pièce est simplement réécrite pour ces six entités qui prolongent le travail de recherche entrepris par Vincent Roumagnac sur l’intime, sur l’image. Le jeune metteur en scène avait investi le Studio de La Croix-Rousse la saison dernière de son regard percutant et esthétique sur Claudel : il se confronte cette fois au grand plateau et à son double possible, Constantin Treplev, Kostia, jeune auteur, metteur en scène, inexorablement mal aimé.
Théâtre dans le théâtre dans le théâtre dans le...
« Des formes nouvelles, voilà ce qu’il nous faut, et s’il n’y en a pas, alors mieux vaut rien du tout », affirme Treplev. C’est aussi tout le sens de la démarche du metteur en scène et de son équipe de comédiens fétiches. Constantin Treplev, Kostia, convoite la belle Nina qui rêve de gloire, de scène, et lui écrit une pièce. Arkadina, mère de Kostia, actrice amoureuse du célèbre écrivain Trigorine, réduit rapidement la tentative du fils à l’échec. Et Nina de s’éprendre de Trigorine… d’enfoncer le couteau dans la plaie. Treplev et Nina, Arkadina et Trigorine, mais aussi Macha et Medvedenko, sont ces trois couples à la dérive mis en lumière par la tendresse désabusée de Tchekhov. Ce travailleur acharné, malade de la tuberculose, voit aujourd’hui revisité son art modeste, lucide, empreint de cette mélancolie et de cette solitude si singulières. Sur le plateau, la vidéo, toute la magie du texte de l’auteur russe, cinq comédiens et deux musiciens : un piano et une guitare dialoguent doucement, berceuses de désillusions, pont délicat vers la tragédie inévitable… |