Perdican, Camille, Rosette. On sait bien que le véritable amour ne connaît pas le chiffre trois... Le baron pensait pourtant maîtriser un heureux mariage en faisant coïncider le retour de son fils diplômé avec celui de sa cousine Camille : les deux anciens enfants, anciens amoureux, feraient aujourd’hui de parfaits jeunes amants. Mais Camille ne jure que par le couvent, piquant l’ego de son prétendant. Rosette devient alors ce ridicule objet dans la quête de séduction de l’orgueilleux Perdican. « La seule excuse des assassins, c’est leur jeunesse », souffle Philippe Faure...
Il ne faut jurer de rien...
On ne badine pas avec l’amour, « une tragédie, en somme, qui ne dit pas son nom, mais où l’amour est réellement saccagé »... Après Marivaux et son art ludique du discours amoureux, Philippe Faure se penche sur Musset, l’amoureux malheureux de George Sand, l’enfant du siècle : « Musset confondit toute sa vie le rêve et la réalité. Hyperémotif, il fut " très impressionnable ”. Est-ce pour cela qu’il fit le serment de vivre et de mourir d’amour ? ». Ses héros insouciants, trio faussement innocent, connaissent ce revers fatal de leur désir, de leur liberté, de leurs élans. Dans un pré vert, tendre, offert aux étreintes comme aux jeux (dangereux), ils sont vêtus de noir, se détachent, s’affirment, s’impriment violemment sur la douceur végétale. Dans ce mélange pictural, comme d’un négatif, se révèlent le drame et l’effroi. Il n’y a pas vraiment d’issue à l’amour, si ce n’est sa propre fin, toujours douloureuse. Quand celle-ci prend le visage de la tragédie, elle hante et condamne. Jeu de stratégie et de mise à mort bouleversant, âpre et prenant, sur un échiquier de verdure... |