Parce que le théâtre est un art vivant à réinventer chaque jour, une jeune équipe prend d’assaut La Croix-Rousse avec un texte inédit. Popper, de l’Israélien Hanokh Levin, est un bijou d’humour et de férocité ponctué de chansonnettes que nous offrent Laurent Brethome et son équipe décapante. La joyeuse clique prône l’excès comme parti pris essentiel de son univers festif et n’a peur de rien, surtout pas de faire rire…
Juste un doigt…
Popper est inédit en France, jamais monté, jamais publié, un cadeau en or de Laurence Sendrowicz, traductrice officielle de Levin, à Laurent Brethome. Le style corrosif du jeune metteur en scène colle parfaitement à la folie sombre, à la cruauté bouleversante de l’auteur. La pièce, traversée par une dizaine de chansons cabaret, est créée par Levin en 1976 à Haïfa. Elle s’intègre dans un cycle de comédies satiriques écrites dans les années soixante-dix. Elles « décrivent le combat quotidien de petites gens dans l’espace restreint de la maison ou du quartier, microcosme de la société tout entière », explique Sendrowicz. Dans Popper, ce sont les Shvartz de Tel Aviv qui font les frais d’un voisin célibataire encombrant (ledit Popper) alors que madame vient de vexer monsieur en refusant qu’il embrasse son petit doigt (qu’elle venait, soit dit en passant, de se mettre dans le nez)…
Absurde ? Cocasse ? Sûrement. Mais la farce conjugale implacable, Feydeau et la tragédie ne sont pas si loin, et nos propres vices à tous, non plus... |